Description

En 1994, Sue Rodriguez se suicide avec l’aide d’un médecin après une intense bataille judiciaire en Cour suprême du Canada dont l’objet était la décriminalisation du suicide assisté. À la suite de ce suicide, aucune accusation criminelle ne fut portée contre la ou les personnes ayant présumément aidé Sue Rodrigues à mettre fin à ses jours, et ce malgré le fait que le suicide assisté est un acte criminel au Canada. Cette non-intervention du droit pénal est examinée en fonction du rôle que l’affaire Rodriguez a pu jouer dans la transformation des moralités au Canada. Dans ce livre, le suicide assisté de Sue Rodriguez est envisagé comme un « crime » utile (au sens durkheimien du terme), car il met en évidence une inconsistance entre les moralités dominantes inscrites dans le droit pénal et les conditions sociales qui ont rendu ce « crime » possible. Apparenté au crime de Socrate, le « crime » de Sue Rodriguez est analysé comme un héraut annonciateur de nouvelles moralités, comme un prélude préparant directement la voie à des changements dans le poids accordé aux moralités dominantes. Dans ce contexte, le rôle du droit pénal comme mode privilégié de régulation morale est remis en question.