Des montagnes encerclent une vallée dans le parc national de Banff, en Alberta.

Pratiques exemplaires en matière de collaboration avec des traducteurs littéraires

By Elina Taillon Date: Novembre 30, 2023

Pour les éditeurs indépendants, l’univers des œuvres en traduction offre un immense potentiel pour élargir leur catalogue, diversifier leur offre et toucher un public plus large. La collaboration avec des traducteurs littéraires peut être une formidable occasion de présenter de nouvelles histoires fascinantes au-delà des frontières linguistiques. Il convient toutefois de faire preuve de précaution et d’adhérer aux meilleures pratiques pour garantir la réussite de ce partenariat complexe.

Dans ce cinquième et dernier blogue de notre série sur la traduction, nous explorons le domaine de la collaboration avec les traducteurs pour les éditeurs qui ne l’ont encore jamais fait ou qui cherchent à renforcer leurs relations avec les traducteurs, à maintenir l’intégrité éditoriale et à profiter au maximum de l’écosystème littéraire multilingue du Canada et du reste du monde.

Une rémunération équitable

La traduction ne consiste pas seulement à transposer un texte d’une langue à une autre; les traducteurs apportent également leur connaissance du contexte littéraire original d’une œuvre et de la langue source – des strates de connaissances et d’expérience qu’il faut parfois des années pour acquérir. S’ils soumettent des projets de traduction à des éditeurs, ils doivent aussi lire beaucoup pour se tenir au courant de l’évolution récente du milieu littéraire, s’assurer que les droits sont toujours disponibles, préparer des argumentaires et contacter les éditeurs susceptibles d’être intéressés par les œuvres en question.

Compte tenu de tous ces éléments, il est important de rémunérer équitablement les traducteurs pour leur travail, y compris pour les lectures, les interviews et les autres activités dépassant le cadre de la seule traduction d’un texte. L’Association des traducteurs et traductrices littéraires du Canada (ATTLC) a établi une grille de tarifs recommandés, et les pages des subventions à la traduction du Conseil des arts du Canada présentent des tarifs basés sur le montant que les candidats peuvent demander, dans l’onglet Tarifs pour la traduction. N’oubliez pas qu’il ne s’agit que de repères et que des projets de traduction plus complexes ou plus exigeants peuvent justifier un salaire plus élevé ou d’autres formes de rémunération.

Définir les attentes et établir la communication

Une communication efficace s’avère essentielle dans le cadre de toute collaboration, et la traduction ne fait pas exception à la règle. En définissant clairement dès le départ les attentes, les échéances et l’étendue du projet, l’éditeur et le traducteur parviennent à un accord qui convient aux deux parties. Il est important que l’éditeur fournisse son guide de rédaction ou sa feuille de style interne, en particulier pour les premières collaborations. Même si les traducteurs et traductrices peuvent avoir une idée précise de ce que suppose le projet par la simple lecture du manuscrit dans la langue d’origine, il peut être utile de préciser les difficultés propres à un ouvrage. Le projet fait-il appel à un jargon obscur? L’éditeur s’attend-il à une vérification approfondie de l’exactitude historique ou géographique? Certains passages doivent-ils être traités avec plus de précautions que le reste du manuscrit? Le texte est-il étroitement lié à d’autres œuvres du corpus de l’auteur original? En communiquant ces éléments dès le départ, vous aiderez les deux parties à entreprendre le projet dans la plus grande transparence.

Une fois le projet démarré, il est également essentiel de maintenir une communication ouverte et accessible avec le traducteur ou la traductrice, et de répondre rapidement à toute question ou préoccupation, tout comme c’est le cas avec les auteurs et les rédacteurs.

Le respect de la vision artistique des traducteurs

Comme le reconnaissent de plus en plus de mouvements tels que Name The Translator, les traducteurs sont des créateurs à part entière, qui ne se contentent pas d’écrire une nouvelle œuvre mais veillent également à ce que celle-ci respecte fidèlement le texte d’origine. Les stratégies de contournement, les risques esthétiques et les décisions créatives prises dans la traduction aboutissent à un projet qui doit être considéré en fonction de ses propres mérites et de sa fidélité à l’original. Lors de la révision des projets de traduction, il convient de reconnaître cette contribution créative et de ne pas considérer la traduction comme une simple conversion mécanique à corriger.

Le marketing et la promotion

Il est important de veiller à ce que des ressources appropriées soient déployées afin de promouvoir le livre traduit avec la même attention que les œuvres non traduites. La soumission de l’œuvre à des prix et la participation des traducteurs à des interviews, à des blogues ou à des événements publics – et la juste rémunération de leur temps et de leurs efforts – peuvent susciter de l’intérêt autour de la relation unique entre l’œuvre originale, la traduction et le traducteur ou la traductrice.

L’ATTLC propose également des tarifs recommandés pour les services des traducteurs comme la participation à des tables rondes, à des conférences, à des lectures et à des ateliers, qu’il peut être utile de garder à l’esprit lorsque vous planifiez la promotion d’un titre traduit.

 

Les éditeurs indépendants jouent un rôle essentiel sur la scène littéraire canadienne, en particulier par la création d’œuvres en traduction qui véhiculent et transforment des histoires uniques d’une langue à une autre. En établissant et en respectant des pratiques exemplaires en matière de collaboration avec les traducteurs, ils peuvent garantir la qualité des œuvres et de leurs relations de travail avec des langagières et langagiers talentueux.

 

Un mot au sujet de cette traduction : Nous tenons à remercier notre infatigable et indispensable traductrice anglais-français, Josée Latulippe, pour l’excellent travail de traduction qu’elle effectue depuis de nombreuses années sur l’ensemble de nos communications, notamment sur ces articles de blogue. Livres Canada Books étant un forum unique de collaboration entre éditeurs francophones et anglophones du Canada, nous lui sommes particulièrement reconnaissants de nous aider à communiquer avec les professionnels de l’édition dans les deux langues officielles.