Pleins feux sur un délégué commercial – Ernesto Miranda Trigueros à l’ambassade du Canada au Mexique

Pleins feux sur un délégué commercial – Ernesto Miranda Trigueros à l’ambassade du Canada au Mexique

By Gabrielle Etcheverry Date: Novembre 22, 2023

Le Mexique est la porte d’entrée de l’Amérique latine et le plus grand marché de la région. Avec plus de 120 millions d’hispanophones, il est le plus grand marché espagnol du monde, suivi de la Colombie et de l’Argentine. Il ne faudrait pas négliger le potentiel de revenus d’un marché qui peut avoir accès à plus de 490 millions de personnes parlant l’espagnol sur l’ensemble des continents.

Plus tard ce mois-ci, Livres Canada Books sera de retour à la Foire internationale du livre de Guadalajara, au Mexique, grâce au soutien de l’ambassade du Canada au Mexique. Notre présence à Guadalajara fait suite à notre mission commerciale de 2022 au Mexique pour les éditeurs savants à la Feria Internacional del Libro de las Universitarias y de los Universitarios (Filuni) [Foire internationale du livre des universitaires], ainsi qu’aux liens que nous avons noués sur ce marché depuis 2015.

Parmi nos principaux partenaires sur le marché mexicain figurent l’ambassade du Canada au Mexique et le Service des délégués commerciaux, qui aide les entreprises canadiennes à développer les activités à l’étranger en les mettant en contact avec un réseau mondial de délégués commerciaux, des occasions d’affaires internationales et des programmes de financement et de soutien.

Avant notre retour à la FIL de Guadalajara, nous nous sommes entretenus avec Ernesto Miranda Trigueros, délégué commercial pour les arts et les industries créatives. Nous l’avons interrogé sur son rôle à l’ambassade, sur l’état du marché du livre mexicain et sur la façon dont les éditeurs canadiens peuvent collaborer avec le Service des délégués commerciaux pour faire des percées ou accroître leurs activités dans cet important marché d’Amérique latine.

1.     Qui êtes-vous et que faites-vous?

Je m’appelle Ernesto Miranda et je travaille dans le secteur des industries créatives depuis plus de dix ans. J’ai une formation en espagnol et en sciences humaines numériques, et une partie de mon travail a été consacrée à l’édition numérique, notamment à des éditions interactives d’œuvres de grands poètes mexicains et de codex précolombiens.

2.     Décrivez en quelques mots le service des délégués commerciaux de l’ambassade du Canada au Mexique.

Le Service des délégués commerciaux pour les arts et les industries créatives au Mexique couvre divers sous-secteurs des industries créatives. Il s’agit notamment de l’audiovisuel, des technologies créatives, de la musique, de l’édition, des arts de la scène, des arts visuels et appliqués, ainsi que des musées et du patrimoine. Nous sommes là pour soutenir et promouvoir le développement des entreprises dans ces secteurs. Notre objectif est de générer des retombées économiques pour les entreprises canadiennes au Mexique, tout en contribuant à la prospérité du Canada. Nous fournissons principalement des services aux entreprises créatives canadiennes qui sont prêtes à se lancer sur les marchés internationaux et qui ont un intérêt particulier pour le marché mexicain.

3.     Quand avez-vous commencé à travailler à l’ambassade et comment votre rôle a-t-il évolué depuis?

J’ai commencé à travailler pour l’ambassade en 2019 en tant qu’agent hybride, couvrant la diplomatie culturelle et la promotion commerciale pour les industries créatives, sous la responsabilité du Service des délégués commerciaux.

En 2019, le Canada a offert un programme culturel complet au Mexique, conjuguant de solides initiatives de diplomatie culturelle et d’ambitieux programmes commerciaux visant à promouvoir les entreprises canadiennes. Dans ce cadre, la mission menée par Patrimoine canadien en février 2019 au Mexique, en Colombie et en Argentine a été l’une des initiatives commerciales internationales les plus ambitieuses jamais vues au Mexique.

Malheureusement, l’année 2020 a été marquée par la pandémie, qui a considérablement perturbé nos activités. Malgré cela, nous avons coordonné avec succès des dizaines d’initiatives en ligne, principalement axées sur les créateurs autochtones des deux territoires. Ces initiatives nous ont permis d’échanger sur les défis rencontrés au cours de cette période difficile. En 2022, nous avons pu reprendre nos activités, avec le renouvellement de la Stratégie d’exportation créative, en mettant davantage l’accent sur les activités commerciales pour soutenir les entreprises canadiennes du secteur culturel qui, comme on le sait, ont été fortement éprouvées par la pandémie.

4.     Quelle est l’industrie culturelle avec laquelle vous collaborez le plus par l’intermédiaire de l’ambassade?

Nous avons observé une demande croissante d’expériences immersives, un secteur très florissant au Canada. De plus, il existe une demande importante pour les arts de la scène, et le Canada a une présence forte dans les communautés du théâtre et de la danse contemporaine d’Amérique latine.

Nous appuyons également au moins une activité annuelle pour le secteur de l’édition, en collaboration avec Livres Canada Books.

5.     Quel est le plus grand projet sur lequel vous avez travaillé dans le cadre de vos fonctions?

Le plus grand projet sur lequel j’ai récemment travaillé est le Festival Internacional Cervantino, l’un des plus grands festivals d’arts de la scène au monde et le plus important d’Amérique latine. Pendant 19 jours consécutifs, le festival a mis en valeur le secteur artistique dynamique et diversifié du Canada sur les scènes et dans les rues de la magnifique ville de Guanajuato. En plus des présentations officielles, nous avons mis en place la « Maison du Canada », un espace physique stratégiquement situé à Guanajuato, dans lequel plus de 40 activités ont été proposées, notamment des concerts, des spectacles, des expositions de réalité virtuelle, des résidences artistiques et des séances de lecture de poésie. Plus de 20 000 festivaliers venus de tout le Mexique et d’autres pays ont visité la Maison du Canada pour s’imprégner des valeurs et de la culture canadiennes, et nous avons pu obtenir le soutien de 40 organisations locales et canadiennes.

6.     Quel est le projet le plus intéressant que vous avez soutenu à l’ambassade?

Le projet le plus intéressant pour lequel j’ai travaillé est Indigenous Crossroads, en 2021. Il s’agissait d’un festival hybride créé pour mettre en relation des artistes autochtones du Canada et d’Oaxaca, pour célébrer le 200e anniversaire de l’indépendance du Mexique. Le projet a nécessité une importante gestion de projet et une approche horizontale de la programmation et de la mise en œuvre, en veillant à ce que les voix autochtones restent au premier plan du festival. Nous avons programmé plus de 100 activités, dont des lectures de poésie, des publications de fanzines, des projections en RV et des ateliers virtuels. Nous avons également mis en place un comité de sélection, composé de représentants autochtones du Canada et d’Oaxaca, afin de définir le programme et la meilleure approche pour un événement multiculturel hybride en pleine pandémie.

7.     Quelle est l’importance du secteur culturel au Mexique? Quel est le rôle des livres au sein de ce secteur?

La culture joue un rôle essentiel au Mexique, et il est indispensable de bien comprendre le secteur culturel pour y faire des affaires. Le secteur culturel représente une part non négligeable du PIB (3 %) du pays. Les livres ont également une histoire importante au Mexique. Le pays possède une riche tradition éditoriale, avec la plus vieille maison d’édition du continent, créée dans l’ancienne colonie de la Nouvelle-Espagne. Des institutions importantes comme le Fondo de Cultura Económica, le plus grand distributeur de livres en langue espagnole de la région, ont été fondées au Mexique et sont aujourd’hui très présentes dans toute l’Amérique latine. Malgré cela, et malgré l’importance de la base de consommateurs (140 millions de personnes), les taux de lecture n’ont pas connu de croissance significative au cours des dix dernières années. Divers facteurs peuvent expliquer de phénomène, notamment la pénétration des supports numériques, le prix des livres, les taux d’alphabétisation et la faiblesse des initiatives publiques visant à promouvoir la lecture.

8.     Quelle est la chose la plus importante que les éditeurs canadiens doivent garder à l’esprit lorsqu’ils travaillent sur le marché du livre mexicain? De quelle manière doivent-ils adapter leurs stratégies de marketing à ce marché?

Les éditeurs canadiens doivent garder à l’esprit les points suivants lorsqu’ils font des affaires au Mexique : il faut maintenir une communication constante avec les partenaires, participer aux conversations et être prêts à subir des retards. Le secteur de l’édition au Mexique fait preuve d’un grand professionnalisme, avec une tradition très longue et importante, mais il est parfois difficile pour les maisons d’édition de taille moyenne d’entrer en contact avec des acteurs internationaux.

Les éditeurs doivent être très conscients de la diversité des communautés culturelles qui vivent au Mexique et adopter une stratégie segmentée et ciblée à des fins de marketing. Les données démographiques doivent également être prises en compte, en particulier pour la littérature destinée aux jeunes adultes.

9.     Pouvez-vous identifier une occasion à venir pour les éditeurs qui cherchent à établir des relations commerciales et à exporter leurs livres sur ce marché?

J’aimerais encourager les éditeurs canadiens à commencer à considérer le Mexique comme un marché en pleine croissance pour la vente de livres en anglais et en français. La démographie évolue rapidement depuis la pandémie, et nous voyons surgir de nouvelles communautés anglophones et francophones partout au pays. Mexico, Mérida, Oaxaca, Los Cabos, Riviera Maya, San Miguel de Allende et Chapala sont quelques-unes des villes qui continuent à se développer en tant que plaques tournantes pour les expatriés, et on pourrait voir apparaître de nouveaux débouchés en raison d’une demande accrue de livres sur des questions d’actualité.