-La vrai révolution, celle de tous, hommes et femmes indistinctement, est toujours dirigée contre l'autoritarisme, approuva l'anarchiste très posément, comme s'il s'excusait d'énoncer une évidence qui aurait dû se dispenser de tout discours. -Ça reste à voir, ricana le fasciste, qui s'était décidé enfin à allumer sa cigarette. La vraie liberté est celle du peuple, de la communauté, pas celle étriquée des individus, simples atomes insignifiants détachés de tout, qui errent dans le vide. -Ça, c'est vrai, que la communauté, c'est important, agréa d'une voix un peu pâteuse un jeunot avec des pantalons à pattes d'éléphant et une veste à longues franges, qui sentait le marijuana à dix mètres. -Toi, la ferme ! lui dit, l'air dégoûté, un type aux allures de métallo. Tu ne sais même pas de quoi tu parles. -Mais justement, de quoi on parle ? approuva un bolchevik à la calvitie léniniste. C'est carrément pas clair. M'est avis qu'il y a des gens ici qui ne devraient pas y être. Les onze nouvelles ici présentées invitent à suivre à la trace, à travers époques et pays, des révolutionnaires plus ou moins authentiques, des rebelles avec ou sans cause, des militants idéalistes ou confus. Elles témoignent certes de notre fascination pour la révolution, mais surtout des grandeurs occasionnelles et des misères fréquentes qu'elle entraîne.